On ne se souvient pas toujours des rêves. Pour saisir un rêve au vol, il faut être réveillé assez brusquement et y porter une vive attention, car rien ne s’efface plus vite que le souvenir d’un rêve. En général, c’est l’affaire d’une seconde ou deux, et si on ne le fixe immédiatement, il s’évanouit… comme un songe. Un grand nombre d’auteurs assurent qu’on ne rêve que le matin, avant de se réveiller, ou le soir en s’endormant. C’est là une erreur. Il suffit de se réveiller ou de réveiller quelqu’un à une heure quelconque de la nuit pour constater que l’on rêve toujours, ou presque toujours. Mais on ne se souvient pas toujours ; on ne se souvient même pas souvent, de même que, d’ailleurs, nous ne nous souvenons pas des trois quarts des pensées qui ont traversé notre cerveau pendant le jour. En général, on rêve aux choses dont on s’occupe et aux personnes que l’on connaît. Cependant, il y a des exceptions bizarres, et les pensées les plus intenses du jour n’ont parfois aucun retentissement durant le sommeil suivant.
Les attitudes du sommeil tendent à un équilibre passif. Toutes les activités sensorielles s’obscurcissent par degrés et l’oubli du monde extérieur arrive par transitions insensibles, comme si l’âme se retirait lentement vers ses derniers refuges. Les paupières se ferment et l’oeil s’endort le premier. Le toucher perd ses facultés de perception et s’endort ensuite. L’odorat s’assoupit à son tour. L’oreille reste la dernière, sentinelle vigilante, pour nous avertir en cas de danger, mais elle finit aussi par s’assoupir. Alors le sommeil est complet et le monde des rêves s’ouvre devant la pensée avec sa diversité indéfinie.
عن المؤلف
Nicolas Camille Flammarion, né le 26 février 1842 à Montigny-le-Roi et mort le 3 juin 1925 à Juvisy-sur-Orge, est un astronome français.
Il fut un membre très actif de maintes sociétés savantes et d’associations pour la vulgarisation des sciences positives. Ses découvertes scientifiques l’ont placé et le maintiennent, encore au xxie siècle, au premier rang des vulgarisateurs français, en mettant à la portée du grand public les problèmes de l’astronomie, de l’atmosphère terrestre et du climat. Le côté mystique et spirite de certaines de ses oeuvres a ajouté à la notoriété de son nom.
En 1861, Flammarion découvre Le Livre des Esprits d’Allan Kardec, codificateur du spiritisme. Il entre en contact avec Kardec et assiste à de nombreuses séances spirites, où il fait la connaissance de Victor Hugo. À partir de 1862, il écrit de nombreux ouvrages sur les communications avec les morts, les maisons hantées. Certains de ses livres, tels que Les Habitants de l’autre monde, sont une profession de foi spirite.
Il fréquente les milieux spirites européens, dont la « British National Association of Spiritualists » et « l’American Brench for Psychical Research » aux États-Unis d’Amérique. En 1869, il rédige et prononce l’éloge funèbre d’Allan Kardec et déclare :« Car, Messieurs, le spiritisme n’est pas une religion, mais c’est une science dont nous connaissons à peine l’a b c. … En quoi consiste le mystère de la vie ? Par quel lien l’âme est-elle attachée à l’organisme ? par quel dénouement s’en échappe-t-elle ? Sous quelle forme et en quelles conditions existe-t-elle après la mort ? Quels souvenirs, quelles affections garde-t-elle ? Ce sont là, Messieurs, autant de problèmes qui sont loin d’être résolus et dont l’ensemble constituera la science psychologique de l’avenir. »
Flammarion s’est lié à plusieurs occultistes de son époque, comme Papus, et il a été membre d’honneur de l’Ordre martiniste à ses débuts. Dès 1898, il organise un certain nombre de séances à l’Observatoire de Juvisy avec la médium italienne Eusapia Palladino. En 1923 il est élu président de la Society for Psychical Research de Londres.