Si la transformation de notre enseignement est à peu près impossible, à quoi peut servir un livre sur l’éducation? Ne sait-on pas, d’ailleurs, que les piles innombrables de ceux qui paraissent journellement sur ce sujet n’ont guère d’autres lecteurs que leurs auteurs? C’est justement ce que je me demandais lorsque, il y a plus de dix ans, navré de l’état d’abaissement où nous conduisait notre Université, je songeais à rédiger ce volume. Je me résignai cependant à l’écrire, d’abord parce qu’on ne doit jamais hésiter à dire ce qu’on croit utile, et ensuite parce que j’étais persuadé que, tôt ou tard, une idée juste finit toujours par germer, quelque dur que soit le rocher où elle est tombée. Je n’ai pas regretté la publication de cet ouvrage. Il a eu des lecteurs nombreux, sur lesquels je ne comptais guère, et une influence spéciale moins espérée encore. Cette dernière ne s’est pas exercée sur une Université, trop vieille pour changer, mais sur une catégorie d’hommes auxquels je n’avais nullement songé.
عن المؤلف
Gustave Le Bon est un médecin, anthropologue, psychologue social et sociologue français. Polygraphe, intervenant dans des domaines variés, il est l’auteur de 43 ouvrages en 60 ans, traduits en une dizaine de langues de son vivant et plusieurs fois réédités entre 1890 et 1920, dans lesquels il aborde, parmi d’autres sujets, le désordre comportemental et la psychologie des foules.
Le Bon participe par la suite activement à la vie intellectuelle française. En 1902, il crée la Bibliothèque de philosophie scientifique chez Flammarion, qui est un vrai succès d’édition, avec plus de 220 titres publiés et plus de deux millions de livres vendus à la mort de Le Bon en 1931. À partir de 1902 il organise une série de « déjeuners du mercredi » auxquels sont conviées des personnalités telles que Henri et Raymond Poincaré, Paul Valéry, Émile Picard, Camille Saint-Saëns, Marie Bonaparte, Aristide Briand, Henri Bergson, etc. Il convie également à ces déjeuners la comtesse Greffulhe, icône de la Belle-Époque et inspiratrice de Proust pour À la recherche du temps perdu, avec qui il entretient une correspondance aussi abondante que familière.