Sauf un : celui d’un brave garçon, qui s’appelait et s’appelle encore, d’ailleurs, Gaston de Puyrâleux.
Récemment libéré du service militaire, Gaston avait eu juste le temps de dévorer l’héritage d’un oncle, lequel mérite en passant une courte mention.
Le vieux duc Loys de Puyrâleux, après une existence toute d’austérité et d’agronomie, tomba, au cours d’un de ses voyages à Paris, dans les lacs charmeurs d’une jeune femme sans conduite qu’on appelle la Môme-Pipi. Une nuit, le pauvre gentilhomme apoplectique succomba dans les bras de cette sirène enrouée, au troisième étage d’un garni de la rue Lamarck (XVIIIe arrondissement).
Très fin-de-siècle, Gaston fit un joli cadeau à la Môme-Pipi, organisa de décentes funérailles à son oncle Loys et ne connu point de répit que sa petite fortune n’eût passé dans les mains, moitié de cocottes, moitié de grecs.
? Quand je n’aurai plus d’argent, se disait-il, avec la philosophie de la vingt-cinquième année, je me ferai sauter le caisson.
L’heure arriva, plutôt qu’à son tour, et le caisson ne sauta pas.
Über den Autor
A 17 ans, reçu bachelier des sciences, Allais devient stagiaire à la pharmacie paternelle, où ses expériences, ses faux médicaments et ses conseils farfelus se révèlent peu du goût de son père. Celui-ci l’envoie donc travailler dans une pharmacie de Paris, où ses fréquentations extra-estudiantines ont raison des projets paternels.
Alphonse Allais participe alors à toutes les initiatives drôles et à tous les groupes fantaisistes : Hydropathes (1878-1880), Chat noir (1881-1897). .. Il débute d’ailleurs comme collaborateur au journal Le Chat noir et en devient par la suite rédacteur en chef. Ses oeuvres courtes, écrites au rythme d’une par jour, sont reprises dans des recueils ‚A se tordre‘ (1891), ‚Ne nous frappons pas‘ (1900) et ‚Le Captain Cap‘ (1902) qui deviendra son personnage le plus célèbre. Alphonse Allais est connu et reconnu aujourd’hui pour son humour qui repose sur la logique de l’absurde.