Le docteur Pascal Rougon, 59 ans, médecin de campagne, savant inclassable, spécialiste de l’hérédité, vit retiré du monde depuis dix-sept ans avec sa nièce et sa servante dévouée Martine, dans sa maison « la Souléïade ». Il écrit une thèse sur l’atavisme, en prenant pour objet de recherche sa propre famille: c’est l’occasion pour lui de rappeler la généalogie des Rougon-Macquart et les tares de la famille héritées de l’ancêtre Jean Macquart, mort à l’asile de ‘combustion interne’.
Alors que les Rougon symbolisent la réussite sociale, les Macquart symbolisent la déchéance (produite par l’alcoolisme). Elle lui offre aussi, en raccourci, un tableau saisissant de l’histoire du Second Empire.
Sa mère, Félicité, très dévote, veut détruire les documents que son fils a rassemblés, en vue d’une publication, dans une grande armoire qui détient tous les secrets de la famille. Une telle oeuvre pourrait ternir la réputation des Rougon. Pour cela, elle endoctrine la nièce de Pascal, Clotilde, qui vit chez lui. Mais celle-ci en tombe amoureuse. Tous deux, passionnés par la science, vont peu à peu muer leurs sentiments en amour charnel. Malgré les risques liés à l’hérédité, ils veulent faire un enfant….
Le docteur Pascal est bien sûr ici le double de Zola qui découvre tardivement les joies de la paternité avec sa maîtresse Jeanne Rouzerot avec qui il mène à l’époque une double vie.
Touchant roman d’amour rédempteur (malgré son caractère incestueux à peine voilé mais traité ici avec une telle candeur qu’il n’apparait pas choquant), c’est une ode au triomphe de la vie qui au bout du compte emporte tout, (les dernières pages sont sublimes : « Et, dans le tiède silence, dans la paix solitaire de la salle de travail, Clotilde souriait à l’enfant qui tétait toujours, son petit bras en l’air, tout droit, dressé comme un drapeau d’appel à la vie. »)
C’est aussi, malgré des thèses scientifiques aujourd’hui datées voire carrément fantaisistes (les injections hypodermiques destinées à combattre la débilité humaine) un formidable éloge de la méthode scientifique, faite de rigueur et d’humilité, par contraste avec les prétentions de la religion obscurantiste, incarnées par la mère et la servante. Une belle conclusion de la célèbre série de Zola…
Sobre el autor
Après une scolarité moyenne, Emile Zola trouve un emploi dans une librairie grâce auquel il rencontre nombre d’écrivains et se lance dans le journalisme. Le scandale de la publication de certains de ses articles sous le titre Mes Haines et le soutien qu’il apporte à un peintre comme Manet le font connaître. Mais depuis son adolescence il n’a cessé d’écrire et, en 1867, sort son premier roman, «Thérèse Raquin ».
C’est le 22 juillet 1872, par la signature du contrat qui le lie à l’éditeur Georges Charpentier que commence véritablement sa carrière littéraire, qu’il mène de front avec le journalisme auquel il ne renonce pas. La fin de sa vie est marquée par son engagement républicain et par sa lutte pour la justice. Il a en effet soutenu le Capitaine Dreyfus, victime d’un complot antisémite. Grand observateur du sujet humain, Zola développe dans ses romans une analyse ‘naturaliste’ de ses personnages. Citons parmi ses romans les plus connus, ‘L’Assommoir’, ‘Nana’ ou ‘Germinal’.