Diogène de Sinope (ca 413-ca 327 avant JC), plus connu sous le sobriquet de Diogène le Cynique ou Diogène le Chien, ainsi qu’il s’appelait lui-même, fut le contemporain d’Aristote et Alexandre le Grand. Disciple d’Antisthène qui le roua de coups, il vécut une vie libre, donc scandaleuse, partageant son temps essentiellement entre Athènes et Corinthe, où il mourut. Il fut, avec Antisthène et Cratès de Thèbes, le fondateur de la secte cynique. Cette école ainsi dénommée parce que ses adeptes tenaient du chien la vigilance hargneuse, et qu’ils se réunissaient au lieu-dit du ‘chien-agile’ (comme les disciples de Platon à l’Académie).
Il vécut, dit-on, à moitié nu dans un tonneau ou une jarre, se masturbait sur la place publique, apostrophait ironiquement le tout venant, y compris les plus grands. Souvent, il reprit Platon et ses idées, allant jusqu’à promener un poulet plumé en disant ‘Voilà l’Homme de Platon’, que celui-ci caractérisait comme un bipède sans plumes. Il parcourait inlassablement les rues d’Athènes, morigénant, insultant, demandant l’aumône aux statues ‘pour s’habituer au refus’. Il écrivit quelques livres, dont une République, dont il ne reste plus rien aujourd’hui. Sa vie est un mythe: tissu d’anecdotes scandaleuses, provocatrices, rapportées par quelques doxographes comme son homonyme de Laërte, Sénèque, ou Plutarque.
A propos de l’auteur
Paul Hervieu (1857-1915) s’inscrit dans cette tradition. Son ‘Diogène le Chien’ est un joyau de concision, de style. Il restitue une Grèce du IV° siècle avec un luxe de détails et d’érudition. Le lecteur, plongé dans la vie quotidienne et religieuse, suit pas à pas les agissements de ce ‘Socrate en délire’, selon la formule de Platon. On se réjouit de ses bons mots, se scandalise de ses audaces, exulte de ses provocations; enfin de l’exercice plein et entier de la liberté de ce philosophe dont le but était de se rapprocher au mieux de la nature et sa simplicité.