Dans l’après-guerre froide, de nombreux observateurs s’inquiétaient de la multiplication de « nouveaux » conflits armés, et promettaient des États « faibles » ou en « faillite ». À rebours de ces approches, les auteurs analysent des situations dans lesquelles la violence est une forme d’action politique routinière. Les principaux protagonistes sont de multiple nature. On observe des groupes armés qui, loin de se placer simplement dans l’opposition ou la défense d’un ordre établi, naviguent dans un espace de dissidence relative. Des organisations qui exigent leur intégration à l’État, et visent à en être reconnues comme des intermédiaires, des partisans, voire des branches légitimes. Enfin, des acteurs appartenant directement à des institutions publiques. Ceux-ci cherchent à incarner l’État dès lors qu’ils tentent de se placer dans un hors-champ du conflit. Ainsi, la violence ne représente pas une remise en cause du jeu politique, mais bien une opportunité pour des acteurs de s’y intégrer, de s’y positionner, ou de s’y maintenir, et d’en tirer une forme de reconnaissance.
Autrement dit, la fragmentation de l’autorité sur un territoire ne conduit pas nécessairement à l’accroissement de son autonomie par rapport au centre. Au contraire, ces contextes peuvent réaffirmer l’État en tant qu’arène politique de référence, et pousser les acteurs à poursuivre un objectif central : rester dans le jeu, plutôt que de le renverser.