Dans les années 80, celles du néolibéralisme triomphant, un nouveau regard sur l »entreprise s »installait. Faisant fi des analyses prenant en compte l »exploitation, la répression et l »aliénation, ce regard ne voulait voir que «le lien social dans l »entreprise» et «l »entreprise en tant que lien social».
Que reste-t-il aujourd »hui de cet espoir moderniste qui rêvait d »accompagner l »émergence d »une nouvelle société, plus » civile », qui aurait comme points de repère l »entreprise, la créativité, l »identité ?
Aujourd »hui, par le biais des licenciements, de la précarisation, de l »individualisation, de la flexibilisation, des dérégulations, ceux-là même qui avaient joué la carte de la » modernisation » et du » management participatif » affaiblissent le lien social dans les entreprises qu »ils dirigent.
Les débats récents en témoignent. Nous assistons à l »émergence d »un nouveau discours dur l »entreprise, plus prudent, plus conceptuel et plus désenchanté que celui des années 80.
Dans ce livre, nous présentons six analyses aux références volontairement diverses : de la sidérurgie et de l »industrie papetière au Québec aux districts ouvriers d »Émilie-Romagne (Italie), en passant par une grande entreprise de service public et un bilan de bientôt trente ans de politique de formation dans les entreprises en France. cependant, il n »est ici question ni de systématisation d »un discours commun, ni de création d »une nouvelle école ou d »une nouvelle chapelle. Au contraire, il s »agit de mener un débat ouvert, un débat polyphone et hétérogène. On le verra, les convergences n »en sont que plus fortes.
Reynald Bourque, Pierre Cours-Salies, Geneviève Dahan-Seltzer, Antonella De Vincenti, Nelly Mauchamp, Daniel Mercure et Jan Spurk publient ici les contributions qu »ils ont pu discuter lors du dernier congrès de l »Association internationale de sociologie.