Dans ce petit texte incisif issu d’une conférence donnée à la Sorbonne en 1883, Renan propose une réponse à la question : pourquoi le monde musulman fait-il si peu de place aux sciences? Avançant de manière argumentée, Renan conteste le rôle central attribué implicitement à la religion musulmane dans le développement scientifique du monde arabe au Moyen-Âge : ‘Cette civilisation musulmane a été autrefois très brillante. Elle a eu des savants, des philosophes. Elle a été, pendant des siècles, la maîtresse de l’Occident chrétien. Pourquoi ce qui a été ne serait-il pas encore ? Voilà le point précis sur lequel je voudrais faire porter le débat. Y a-t-il eu réellement une science musulmane, ou du moins une science admise par l’islam, tolérée par l’islam ?’
A propos de l’auteur
Joseph Ernest Renan, né le 28 février 18231 à Tréguier (Côtes-du-Nord) et mort le 2 octobre 1892 à Paris, est un écrivain, philologue, philosophe et historien français.
Curieux de science, Ernest Renan est immédiatement convaincu par les hypothèses de Darwin sur l’évolution des espèces. Il établit un rapport étroit entre les religions et leurs racines ethnico-géographiques. Une part essentielle de son oeuvre est d’ailleurs consacrée aux religions avec par exemple son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) dont le premier tome est consacré à la Vie de Jésus (1863). Ce livre qui marque les milieux intellectuels de son vivant contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n’importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n’importe quel autre document historique. Ceci déclenche des débats passionnés dans l’Église catholique.
Ernest Renan est considéré aujourd’hui comme un intellectuel de référence avec des textes comme Prière sur l’Acropole (1865) ou Qu’est-ce qu’une nation ? (1882).