Delphine d’Albémar est une femme jeune, veuve, riche et cultivée ; elle dispose de sa personne, de ses idées, de son coeur et de ses biens : c’est une femme libre. Une héroïne qui va vivre un amour impossible, empêché par la fatalité de la distance et de l’interdit. En entretissant des vies, à travers les voix haletantes qui s’expriment par lettres (échangées entre 1790 et 1792) et en puisant dans son expérience personnelle, Mme de Staël analyse ce qu’a de cruel et d’injuste la condition féminine de son époque. A sa parution en 1802, le roman fait sensation. Ennemie déclarée de Napoléon Bonaparte, Mme de Staël est condamnée à l’exil dès 1803 : c’est une consécration. Car Delphine met en scène l’écart entre les avancées de la Révolution et le conservatisme de la société, dans un pays meurtri qui a besoin de compassion. Rejouant une période traumatique de l’histoire de France, le roman vise à guérir la grande souffrance du temps et à restaurer la communauté désunie. Mme de Staël participe ainsi au travail de deuil de la nation. Héritière des Lumières, elle se tient au seuil de deux siècles, entre une société d’Ancien Régime et une nouvelle ère, dont la forme politique tremble, encore incertaine. Romancière dans un monde où les femmes sont réduites au silence et à l’esclavage, elle fait elle-même une révolution. Ce temps n’est pas si reculé, et les problèmes que Mme de Staël soulève n’ont rien d’inactuels.
Écrit sous forme épistolaire , ce roman examine les limites de la liberté des femmes dans une société aristocratique. Bien qu’elle se soit défendue d’avoir eu des visées politiques, Napoléon Bonaparte en jugea autrement et a décidé d’exiler son auteur de Paris.
A propos de l’auteur
Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, connue sous le nom de Madame de Staël, est une romancière, épistolière et philosophe genevoise2 et française3 née le 22 avril 1766 à Paris où elle est morte le 14 juillet 18174.