Jusqu’en ces derniers temps, l’étude des mouvements et de leur rôle dans la vie de l’esprit, sans être complètement oubliée, n’était guère en faveur. Les psychologues s’occupaient avec une préférence marquée des phénomènes intellectuels ou des états affectifs.
Le but de ce livre est d’appeler l’attention sur le rôle prépondérant des éléments moteurs dans l’activité inconsciente de l’esprit, et nos remarques préliminaires n’auront d’autre fin que d’y préparer.
Tout d’abord, le mouvement s’impose à l’observateur par deux caractères fondamentaux : primordialité, généralité.
En venant au monde, le nouveau-né est muni d’aptitudes motrices qui entrent d’elles-mêmes en exercice : mouvements automatiques (de la respiration, de la digestion, etc.), mouvements réflexes (sucer, crier, etc.), mouvements instinctifs. Il est une machine qui produit des mouvements, mais leur apparition est primaire. Comme ils dépendent des centres inférieurs de l’encéphale, ils sont vides de conscience ou tout au moins de connaissance. Plus tard, avec le développement des centres supérieurs de l’écorce corticale, l’organisation du système moteur sera achevée.
Mais un fait plus important pour la psychologie et pour notre sujet en particulier, c’est la diffusion ou généralisation des mouvements.
À PROPOS DE L’AUTEUR
Théodule Ribot , né à Guingamp le 18 décembre 1839 et mort à Paris (5ème) le 9 décembre 19161, est un philosophe et professeur au Collège de France. Il est généralement considéré comme le fondateur de la psychologie comme science autonome en France2. Il crée en 1876 la ‘Revue philosophique’ dont il devient directeur.