Singulier paradoxe que ces Chimères, une centaine de vers à peine, qui ont alimenté depuis des milliers de pages d’exégèses et de commentaires. Tour à tour symbolistes, rimbaldiennes, mallarméennes ou surréalistes, voire fertile terreau pour la psychanalyse, elles n’ont pourtant pas fini d’interroger le lecteur. Joyaux ciselés, enflammés de lueurs et de couleurs, avec leurs parfums secrets, leurs scintillements d’étoiles et leur musique envoûtante, ces poèmes exercent une fascination qui tient de la magie. Classiques grecs, troubadours, poètes de la Renaissance nourrissent une écriture à la fois limpide et profondément ésotérique. Cette maîtrise, cette écriture si fluide et naturelle, Nerval en conserve les vertus jusque dans ses proses les plus humbles. Car, paradoxe encore, le poète fut surtout chroniqueur, feuilletoniste, dramaturge et voyageur, jusqu’à cette ultime promenade aux lisières d’un monde dont il finit par ne plus jamais revenir. –Scarbo
Ces douze sonnets sont parmi les plus mystérieux de toute la littérature française. De fait, Nerval a désiré fusionner ici ses expériences personnelles avec les préceptes de diverses doctrines ésotériques, comme si les événements qu’il vivait, comme si les amours qu’il éprouvait étaient tout autant de signes que le destin lui manifestait et qu’il se devait dès lors de couler dans la langue la plus magique et la plus hiératique qui soit. –Jacques Lemaire
About the author
Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, est un écrivain et un poète français, né le 22 mai 1808 à Paris, ville où il est mort le 26 janvier 1855 (à 46 ans). Figure majeure du romantisme français, il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueil de nouvelles (la plus célèbre étant Sylvie) et de sonnets (Les Chimères) publié en 1854.