Voyage au Congo, et Le Retour du Tchad sont deux ‘carnets de route’ de voyages qu’André Gide effectua en Afrique Équatoriale française avec le réalisateur de films et photographe Marc Allégret. L’écrivain y dépeint la misère des villages, les maladies, dénonce le sort des prisonniers ou des enfants, les exactions de certains colons blancs et l’emprise des grandes compagnies coloniales. Ce réquisitoire contre les pratiques des compagnies commerciales et de l’administration suscite une vive émotion. Le Retour du Tchad est publié en 1928. Il constitue la suite du Voyage au Congo publié l’année précédente. En dépit de la modération de son ton, le texte déclenche à nouveau de violentes polémiques dans la presse et à la Chambre des députés. Gide y répond fermement en se revendiquant en tant que ‘voyageur libre’ inspiré d’une science naissante qu’est l’ethnologie. Ces deux textes peu connus, mais d’une grande sensibilité, gagnent à être redécouverts alors que la question décoloniale est devenue d’une vibrante actualité.
Over de auteur
André Gide est un écrivain français, né le 22 novembre 1869 à Paris et mort le 19 février 1951 à Paris.
Après une jeunesse perturbée par le puritanisme de son milieu, jeune Parisien qui se lie d’une amitié intense et tourmentée avec Pierre Louÿs, il tente de s’intégrer au milieu littéraire post-symboliste et d’épouser sa cousine. Une rencontre avec Oscar Wilde et un voyage initiatique avec Paul Albert Laurens le font rompre avec le protestantisme et vivre sa pédérastie. Il écrit notamment Paludes qui clôture sa période symboliste et, après la mort « libératrice » de sa mère, ses noces avec sa cousine Madeleine en 1895, il achève Les Nourritures terrestres, dont le lyrisme est salué par une partie de la critique à sa parution en 1897 mais qui est aussi critiqué pour son individualisme. Après des échecs au théâtre, il s’affirme comme un romancier moderne dans la construction et dans les thématiques et s’impose dans les revues littéraires.
Son oeuvre trouve ensuite un nouveau souffle avec la découverte des réalités du monde auxquelles il est confronté. Ainsi, le voyageur esthète découvre l’Afrique noire et publie en 1927 le journal de son Voyage au Congo, dans lequel il dénonce les pratiques des compagnies concessionnaires mais aussi celles de l’administration coloniale et l’attitude de la majorité des Européens à l’égard des colonies. Au début des années 1930, il s’intéresse au communisme, s’enthousiasme pour le régime soviétique, mais subit une désillusion lors de son voyage sur place à l’été 1936. Il publie son témoignage la même année, Retour de l’U.R.S.S., qui lui vaut de virulentes attaques des communistes. Il persiste cependant dans sa dénonciation du totalitarisme soviétique au moment des procès de Moscou et s’engage, parallèlement, dans le combat des intellectuels contre le fascisme.
En 1940, il abandonne La Nouvelle Revue française et quasiment l’écriture en se repliant sur la Côte d’Azur, puis en Afrique du Nord durant la guerre. Après le conflit, il est mis à l’écart de la vie littéraire, mais honoré par le prix Nobel de littérature en 1947, et il se préoccupe dès lors de la publication intégrale de son Journal. Il meurt le 19 février 1951.