LETTRE DU PROVINCIAL, DU SECOND PROVINCIAL, DEUXIÈME SÉRIE AU PROVINCIAL, DE LA GRIPPE, ENCORE DE LA GRIPPE, TOUJOURS DE LA GRIPPE
Aussi longtemps que l’affaire Dreyfus a duré, je me suis efforcé, à mes risques et périls, et surtout à mes frais, de rester à Paris. Nous sentions que cette crise était redoutable, nous savions qu’elle était en un sens décisive, et, autant que nous le pouvions, nous étions présents. Nous achetions sept ou huit journaux le matin, même des grands journaux, même des journaux chers, comme le Figaro bien renseigné. Puis nous achetions des journaux à midi, quand il y en avait. Puis nous achetions des journaux à quatre heures, les Droits de l’Homme ou le Petit Bleu. Puis nous achetions des journaux le soir. Nous dévorions les nouvelles.
O autorze
Charles Pierre Péguy, né le 7 janvier 1873 à Orléans (Loiret) et tué au début de la Première Guerre mondiale, le 5 septembre 1914, premier jour de la première bataille de l’Ourcq, à Villeroy (Seine-et-Marne), est un écrivain, poète, essayiste et officier de réserve français.