Deux scènes hautes en couleur : celle de l’accouchement de Jeanne d’Hérouville, dont les suites seront tragiques, et celle de l’amour irrésistible d’Etienne, le mal né, l’« enfant maudit », pour Gabrielle, la fille du « rebouteur » Beauvouloir. Nous nous trouvons sur la côte normande à la fin d’un 16e siècle barbare. Le drame vient du père, le comte d’Hérouville, dont l’orgueil de caste est insigne, de même que sa proverbiale laideur. Il est vieux, sa femme a dix-huit ans, les circonstances liées à la guerre civile font que celle-ci a dû se résoudre à ne plus aimer Georges de Chaverny, un joli jeune homme, son cousin, mais huguenot.
Le mari jaloux soupçonne à tort sa vertueuse épouse et ne se reconnaît pas dans l’enfant qui naît de leur union, mais avant terme, chétif et mignon – il deviendra en grandissant poète, amateur de fleurs et musicien -, tout le contraire de ce qu’il est. Le malheur s’installe : Etienne vit hors du monde dans une maison de pêcheur en intime correspondance avec l’Océan. La naissance d’un second fils, Maximilien, cette fois-ci tout à l’image antipathique du père, ne modifiera pas le cours du destin.
La mère morte, le frère mort, tout l’amour d’un père de 76 ans qui entend voir continuer sa lignée se reporte sur lui. Le « rebouteur » Beauvouloir qui a obtenu de le préparer à sa façon au mariage lui fait rencontrer sa propre fille, un miracle de délicatesse et de beauté, dont la constitution et le sort lui paraissent analogues. Le plan réussit trop bien : les deux jeunes gens s’aiment éperdument dès le premier regard.
Cependant le vieux duc, qui a jeté son dévolu pour Etienne sur une héritière de la famille de Grandlieu, se laisse aller à la dernière extrémité : il lève un « fer » sur Gabrielle ; le coeur d’Etienne cède sous l’emprise de la terreur, et son amie tombe morte avec lui.
O autorze
honoré de Balzac, né Honoré Balzac, à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an VII) et mort à Paris le 18 août 1850, est un écrivain français. Il a été à la fois critique littéraire, essayiste, dramaturge, journaliste, imprimeur, mais on retient surtout de lui son immense production romanesque qui compte 137 romans et nouvelles parus de 1829 à 1852.
Travailleur forcené, fragilisant sa santé déjà précaire par des excès (il mourra d’ailleurs prématurément à 51 ans), endetté par des investissements hasardeux, fuyant ses créanciers sous de faux noms dans différentes demeures, Balzac a vécu de nombreuses liaisons féminines avec des aristocrates et il a finalement épousé la comtesse Hanska en 1850, après l’avoir courtisée pendant près de vingt ans.