Après des études au lycée Henri IV, à la faculté de Droit de Paris et un passage à La Gazette de France, Jacques Bainville (1879-1936) devient, en 1908, le responsable de la rubrique de politique étrangère au quotidien l’Action française, qu’il détiendra jusqu’à sa mort. En 1935, il est élu à l’Académie française. Journaliste et historien politique français, il était un grand spécialiste des affaires allemandes au début de ce siècle. La justesse de ses analyses fit de sa chronique une des plus appréciées. Elle était lue avec attention même par les milieux républicains. Son Histoire de deux peuples est une analyse des relations franco-germanique à travers les siècles et les régimes qui se sont succédés à la tête de ces deux nations. La France, nation-Etat, tirait sa force, d’après Jacques Bainville, de l’existence de plusieurs Allemagnes. L’unification des ces différentes Allemagnes ne pouvait faire que son malheur, deux grandes nation voisines pouvaient-elle diriger deux puissants Etats ? Pour Bainville, ce qui importe le plus à la clarté des événements : « c’est d’exposer les motifs et les intentions des hommes qui conduisent les grandes affaires ». C’est un peu le « politique d’abord ».
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Né à Vincennes dans une famille attachée aux valeurs républicaines, Jacques Pierre Bainville est élève du lycée Henri-IV puis pendant une année de la faculté de droit de Paris2. Il est le neveu de l’écrivain du XIXe siècle Camille Bainville. Il commence son oeuvre en 1900, à l’âge de 20 ans, avec Louis II de Bavière.
En 1900, à l’issue de son séjour en Bavière et après avoir été dreyfusard, Jacques Bainville monarchiste. C’est par réflexion et comparaison, que ce fils de famille républicaine, libre penseur et voltairien, peu sensible à tout sentiment nostalgique, s’est tourné vers le royalisme. Face au rayonnement d’une Allemagne unifiée par Bismarck, en pleine expansion économique et démographique, au pouvoir stable et fort, il juge que la République — « la fille de Bismarck », écrira-t-il dans son Bismarck et la France — est un régime malthusien, essoufflé, livré à des gens médiocres et aux querelles intestines, incapable de faire face à cette Allemagne qui le fascine autant qu’elle l’inquiète.