Les réflexions proposées dans cet ouvrage procèdent d’une démarche philosophique de réappropriation du principe de souveraineté. Historiquement, c’est Jean Bodin qui, pour la première fois, a développé dans son ouvrage, les Six Livres de la République, une théorie de la souveraineté. Il a su tirer de la politique du Prince de Machiavel une définition de la souveraineté, entendue comme « puissance absolue et perpétuelle » de l’État. Ainsi définie, la souveraineté s’identifie corrélativement et consubstantiellement à l’État. Ce qui signifie que l’État est la souveraineté même. On peut donc définir le principe de l’État dans la perpétuation de sa puissance souveraine. Historiquement, c’est par la souveraineté que peuples et nations se sont donné des identités politiques, lesquelles les ont définis et opposés les uns aux autres. L’ère des nations est devenue ainsi l’ère des particularismes identitaires. L’intérêt du présent ouvrage n’est donc plus à démontrer. Le lecteur y trouvera, à n’en point douter, des interrogations, des hypothèses et des points de vue pouvant susciter la curiosité et le désir de comprendre les mutations politiques qui caractérisent notre époque. Pour tout dire, État et souveraineté est un ouvrage qui suggère que notre époque n’en a pas fini avec le principe de souveraineté. Bien des questions subsistent encore en ce qui concerne le devenir historique des peuples et des nations, dans un contexte marqué par les avancées et les dérives de la globalisation, les paradoxes de la postmodernité et l’émergence de la postcolonialité. Le dispositif étatique-national pensé sous le modèle de souveraineté n’est pas achevé, puisque l’histoire produit toujours l’historique.
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