L’étourderie naturelle à l’âge d’Isaure lui empêcha de remarquer que sa tante revenait sans le voile de mousseline quelle lui avait vu le matin: mais mademoiselle Cécile, dont l’esprit d’ordre allait parfois jusqu’à la tyrannie, ne manqua pas de demander à sa maîtresse, d’un ton respectueusement impérieux, ce qu’elle avait fait de son voile. La marquise lui répondit, avec le trouble d’une enfant qui ment à sa gouvernante, qu’elle n’en savait rien.–Ah! je devine, madame l’aura sûrement oublié dans sa voiture; et, sans
perdre de temps, mademoiselle Cécile descend dans la cour, retourne tous les coussins de la berline, et, ne trouvant rien, finit par conclure que la marquise aura laissé son voile dans l’église de Saint-Denis: elle veut absolument qu’un domestique monte à cheval pour l’aller chercher, mais on refuse tout net de lui obéir, en répondant qu’on ne fera ce voyage que par les ordres de madame; et la marquise est obligée d’employer son autorité
pour s’opposer au zèle de mademoiselle Cécile, en disant que ce voile ne vaut pas tant de recherches, et qu’il est inutile d’en faire de nouvelles.
เกี่ยวกับผู้แต่ง
Marie Françoise Sophie Nichault de la Valette est la fille de la Florentine Francesca Perettin et d’Auguste Antoine Nichault de La Vallette, homme de finances attaché à la maison de Monsieur.
Elle a été très tôt au contact de la littérature puisqu’elle a été élevée en pension chez Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, l’auteure, entre autres, de la Belle et la Bête, où se trouvait également Claire de Duras, future auteure d’Ourika. À deux ans, son père, amateur des lettres, l’avait présentée à Voltaire, qui l’avait embrassée au front1. La position de celui-ci lui a permis d’être au contact de personnalités comme le vicomte de Ségur, Vergennes, le chevalier de Boufflers et Alexandre de Lameth.