George Sand, comme les vrais critiques, possède éminemment la faculté d’admiration et cette autre, que celle-ci semble exclure, de raisonner ses sentiments. Il admire sans effort ce qui est beau ou sublime, parce qu’il crée lui-même le sublime ou le beau, parce qu’il ignore les petitesses jalouses, parce que c’est avant tout un esprit sincère et sensible. Mais en même temps parce que son talent est quelque chose de complet, il s’élève à la métaphysique du beau, il en calcule les maîtresses règles, et sans pédanterie comme sans mollesse ramène ses impressions à certains principes très-généraux et très-vrais, ses répugnances et ses affections à des lois. Ce n’est pas un rhéteur enivré de paroles, c’est un dialecticien judicieux et sensé.On trouvera dans ce volume des morceaux opposées par le sujet et qui datent d’époques bien diverses : toutes ces monographies, expressivement vivantes, ont les deux mérites suprêmes du bon sens et de la beauté. Chacune d’elles ferait la réputation d’un critique et le mettrait hors pair. Comme l’objet même, la forme varie de l’une à l’autre si l’on sent qu’elles viennent de la même main, on aperçoit aussi que cette main seule pouvait s’assouplir à des procédés si différents : c’est tantôt une familiarité enjouée, tantôt une gravité noblement et fortement savante aux souvenirs personnels et d’intimité s’adjoignent des considérations élevées ou sur les lois du beau ou sur la morale publique et privée. L’indulgence n’y fait pas tort à la rectitude, la raison à l’enthousiasme. Jeunes gens, qui voulez écrire, votre modèle est là penseurs , vous trouverez dans ce livre les vérités les plus énergiques artistes, il vous montrera par où et comment vous devez vouloir être loués. Les femmes, à leur tour, bien qu’elles aiment peu la critique, si ce n’est la critique qu’elles font elles-mêmes, y profiteront. Lorsque George Sand veut bien être familier et causer bonnement, sa conversation est l’exemple instructif du ton véritablement exquis, de la bonhomie ingénieuse, de la malice veloutée sans finauderie.GEORGE SAND, pseudonyme d’Amandine-Aurore Lucille Dupin, baronne Dudevant (1804-1876). Femme de lettres française, qui a laissé derrière elle une oeuvre romanesque remarquable, composée de contes, de nouvelles, de pièces théâtrales, de textes autobiographiques et d’une immense correspondance. Après la séparation de son mari, le baron Dudevant, un officier retiré de l´armée, elle rentre à Paris en 1831 avec l’intention de vivre de sa plume.
Про автора
George Sand , pseudonyme d’Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, par mariage baronne Dudevant, est une romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste française, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains les plus prolifiques, avec plus de 70 romans à son actif et 50 volumes d’oeuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques.