Cet article des Curiosités Esthétiques (1855) intitulé De l’essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques fut initialement écrit par Baudelaire en guise d’introduction à son étude consacrée à la caricature. Il n’en écrira finalement que deux chapitres, intitulés : ‚Quelques caricaturistes‘ et ‚Quelques caricaturistes étrangers‘.
Pour Baudelaire, le rire est sans aucun doute mauvais, satanique. Il est le signe du péché originel. ‚Le Sage ne rit qu’en tremblant‘, rappelle-t-il, adaptant une maxime attribuée à Bossuet.
Voici un cours magistral et très pédagogique où Baudelaire, on le reconnaît bien là, fait une brillante démonstration de toute la cruauté du rire : ‚le rire est causé par la vue du malheur d’autrui‘ ou ‚le rire est au fond satanique, il est donc profondément humain.‘
Il n’est pas question pour lui du comique ‚ordinaire‘, ou significatif, comme il le nomme, pas de celui de la traditionnelle satire sociale, déclenché à la vue d’une caricature et la monarchie de Juillet, temps de la jeunesse de Baudelaire, fut la grande époque de la caricature, avec Gavarni ou Daumier. La caricature est selon lui toujours un peu complaisante, elle flatte le spectateur, en fait un compère ; c’est le comique des contes de Voltaire, typique de l’esprit français que Baudelaire n’aime pas, celui des comédies de Molière, qui suscitent des réserves chez Baudelaire ; et c’est même celui de Rabelais, chez qui le rire est utile, sert à faire la leçon et a ‚la transparence d’un apologue‘.
Non, il s’agit du rire en ce qu’il est l’une des manifestations humaines les plus émouvantes, les plus mystérieuses, les plus intelligentes aussi, ce que Baudelaire appelle, dans ce traité De l’essence du rire, le ‚comique absolu‘.
Über den Autor
Charles Baudelaire est un poète français. Né à Paris le 9 avril 1821, il meurt dans la même ville le 31 août 1867.
« Dante d’une époque déchue » selon le mot de Barbey d’Aurevilly, « tourné vers le classicisme, nourri de romantisme », à la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la « modernité », il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil certes bref au regard de l’oeuvre de son contemporain Victor Hugo, mais qu’il aura façonné sa vie durant : Les Fleurs du mal.